Le shôjo c'est des histoires d'amours... le shôjo c'est au lycée, y'a que des beaux gosses... dans le shôjo tout tourne autour de la psychologie des personnages... il n'y a pas d'action.... il n'y a pas de décor...

J'en ai marre d'entendre ce genre de commentaires quand vous dites aux gens que vous lisez du shôjo. Ils ne sont pas complètement faux, loin de là, mais ce sont des clichés, tellement clichés qu'on en arrive à l'énormité de « il y a une histoire d'amour, c'est donc un shôjo » et des gens qui vous sortent que Love Hina est un shôjo. A ce stade, je me tape là tête contre le mur. Le sommet du non sens !

Soyons clair. De base, shôjo signifie uniquement que le manga que vous tenez entre vos mains a été publié dans un magasine shôjo, c'est à dire, au Japon, un magazine destiné à un public féminin, allant de la primaire au lycée, voir un peu plus (ensuite on passe au josei).
C'est une classification arbitraire, qui ne tient pas compte du contenu du manga, bien que vu le magazine de prépublication, on se doute qu'on n'y trouvera pas de fantasme masculin (donc pas de fille à grosse poitrine en petite culotte, donc non, Love Hina n'est pas un shôjo).
Il y a tout de même certains traits communs : en général, ils sont écrits par des femmes. En général, les sentiments et la psychologie des personnages y sont plus centraux. Et du fait d'un rythme de publication plus lent, les chapitres sont plus longs que dans les shônen. Et donc, l'histoire se met en place plus lentement.

En gros, « shôjo » tient plus de la forme que du fond et ne rentre pas dans notre classification livresque de policier, horreur, fantaisie, tranche de vie, etc...

Mais il faut reconnaître qu'on n'est plus aidé par nos éditeurs français. Je ne sais pas qui est l’œuf et qui est la poule mais depuis quelques années, les éditeurs ne sortent quasiment plus en shojo que ce que les lecteurs considèrent comme étant du shôjo, c'est à dire des amourettes de lycéennes. Et des vampires (merci Twilight).
Pourtant, fin des années 90 et début des années 2000, le shôjo était très varié. Action, aventure, fantasy, sombre, apocalyptique. On trouvait aussi sur le net des perles de grandes épopées (pas légal, pas bien). Au point que les shôjos étaient aussi bien lus par des hommes que par des femmes.
Et maintenant ? Vous voyez des garçons traîner près du rayon shôjo dans vos librairies ? Pas moi.
Préjugés encouragés par les choix éditoriaux, le shôjo est pris dans un cercle vicieux de titres vus et revus et si un éditeur fait le choix courageux de sortir de l'ordinaire, il se plante parce que la moitié du public ne le lira pas parce qu'il est dans les shôjos, donc c'est forcément une amourette, et l'autre moitié ne la lira pas parce que ce n'est pas une amourette.
Et au centre, se sentant abandonnée, il y a moi, qui le lira avec passion et désespoir de savoir qu'il risque de ne pas être publié en entier, faute de vente.

Je vous propose donc de lire le shôjo autrement, soit à travers un thème, soit à travers un manga, pour qu'une fois chez votre libraire préféré, votre regard sur certains titres changent et que, qui sait, l'âge d'or du shôjo varié revienne et refleurissent sur les étalages des shôjos vraiment intéressants.

PS: je m'excuse d'avance pour le classement des mangas dans les différentes catégories, il a fallu choisir un aspect de chaque titre qui n'est pas forcément le plus évident, j'ai beaucoup hésité.

C'est quoi le shôjo autrement?

Partager cet article