Rouge Eclipse
Un petit shôjo fantastique sans prétention et court (1 tome sorti sur 3 tomes au total, au moins on ne tournera pas en rond). C'est rare que je commence par mon opinion. Mais il y a si peu à se mettre sous la dent en ce moment, vous me pardonnerez.
Le jour d'un événement astronomique rare, une lune rouge visible en plein jour, Ayumi, jeune, belle, populaire et naïve, se retrouve coincée dans le corps d'une de ses camarades de classe, Umine, moche, grosse et impopulaire. Ce qu'elle prend d'abord pour un accident s'avère rapidement être un acte délibéré d'Umine qui a un caractère déplorable, lâche, jalouse, aigrie et, d'un pathétisme incroyable, a volé le corps d'Ayumi pour lui prendre son petit ami. Son plan marche comme sur des roulettes et Ayumi se trouve au fond du gouffre. Sauf que l'amour fait voir au delà des apparences....
Rouge Eclipse étonne par son ambiance : pas une comédie, mais trop léger pour être un drame aussi. Certes, beaucoup de choses vont mal pour Ayumi mais elle a un caractère si lumineux que peu importe son apparence, elle va toujours de l'avant et s'en sort. On ne s'inquiète pas pour elle, parce que même si elle devait rester dans ce corps à vie, elle aurait une belle vie, c'est certain. Au contraire d'Umine qui conserve son sale caractère dans son nouveau corps et pulvérise elle-même toutes ses chances d'avoir une vie agréable. On sent fortement la morale de l'histoire, un peu lourdement même, mais le manque de subtilité vient sûrement du format court de cette histoire.
La romance est là aussi, inévitable mais touchante.
Le côté fantastique est surprenant car la mangaka fait en sorte que les héros gardent les pieds sur terre. Ce n'est évidemment pas « normal » de changer de corps mais on cherche une réponse rationnelle et scientifique, ou plutôt aux frontières du scientifique. Un personnage compte même en faire un business, c'est dire !
Si vous êtes d'humeur sombre et sérieuse, passez votre chemin, si la naïveté d'un titre ne vous dérange pas, tentez le coup, le sujet du changement de corps n'est pas si fréquent dans les mangas,
Shirayuki Aux Cheveux Rouges
C'est assez désespérée par les nouveautés shôjo de ces derniers mois (voir années), mis à part peut-être Le Requiem Du Roi Des Roses, que je n'ose pas lire parce que j'ai un peu peur de ce que peut donner une adaptation japonaise de Richard III, mais dont j'applaudis la publication, que je me décide à écrire à nouveau sur le blog (avec une phrase incroyablement longue en préambule, désolé). Et l'ironie c'est que je vais écrire sur un manga que je n'ai pas lu... mais dont j'ai vu l'animé (une saison et demi pour le moment). Donc s'il y a des différences entre les deux supports et que l'un est meilleur que l'autre... ben je ne pourrai pas vous le dire.
Donc, Shirayuki Aux Cheveux Rouge raconte l'histoire de Shirayuki qui, et c'est tellement rare dans un shôjo, a un métier ! Un vrai ! Et, pour flatté un peu mon ego, elle est pharmacienne... … bon, ok, soit c'est une erreur de traduction, soit la mangaka trouvait qu'herboriste faisait trop pittoresque, mais pour moi, elle est herboriste : pas une seule sangsue en 20 épisodes, pas de bave de serpent ou de rognon de castor, que des plantes, non non madame, vous n'êtes pas pharmacienne. Bref, Shirayuki connaît beaucoup de plantes médicinales et travaille à soigner les gens de son village. Malheureusement, elle possède de magnifiques cheveux rouges qui attirent le regard du prince bon à rien de la région. Il veut la faire sienne et plutôt que d'attendre l'arrivée d'un bel héros, elle s'enfuit, en se coupant au passage sa belle tignasse. Le bel héros, elle va quand même tomber dessus, dans une forêt profonde, et lui et ses deux acolytes vont la sauver du méchant prince et l'accueillir dans le royaume voisin.
Oui parce que le bel héros est le prince Zen du royaume de Clariness, pas prince héritier puisque c'est son grand frère qui règne, et prince un peu casse-cou et fuyard. Shirauyki décide de passer le concours pour être « pharmacienne » royale, au palais de Clariness donc, et a bien l'intention de réussir sans jouer de ses relations. Devant son sérieux et sa détermination, Zen se met lui-même au travail et s'il ne donne pas de passe-droit à son amie pour ne pas la contrarier, il la surveille quand même dans l'ombre. Sauf que, s'il est bien clair entre eux d'eux que Shirayuki veut arriver à rester au côté de Zen par ses propres moyens, parce qu'elle le mérite, la cour voit vite en elle une intrigante et elle va se retrouver mêlée malgré elle aux complots et à la politique de son pays d'accueil.
Vous l'aurez compris, si ce titre ne brille pas par l'originalité de son scénario (on voit bien que les arcs sont ajoutés au fur et à mesure parce que la série marche), elle a au moins le mérite d'avoir une héroïne de caractère, bosseuse et déterminée et un peu de politique/intrigue (même si ça manque grandement de réalisme, donc difficile de croire au danger des situations à affronter). Pour résumer, une série sympathique (et puis elle est pharmacienne quoi!).
(je le classe en fantastique pour le royaume imaginaire mais il n'y a ni magie, ni monstre, enfin, pour le moment)
Host Club - Le Lycée De La Séduction
Ne fuyez pas devant le titre français et les couvertures roses, choix éditorial bien étrange quand on connaît l'ambiance du manga, ou alors c'était pour pousser l'ironie à son paroxysme. Car Host Club est une parodie de shôjo. Il se moque de tous ses clichés et ridiculise gentiment la gente féminine friante de romance passionnée ou interdite.
Le scénario ne tient pas à grande chose, juste ce qu'il faut pour introduire les personnages puis chaque chapitre est indépendant (même si sur la fin il se crée un vrai fil conducteur) : Haruhi, en première année au prestigieux lycée cerisier et orchidée, cherchant une salle pour réviser, entre en se trompant dans la salle du cercle d'hôte et y casse un vase d'une valeur indéfinissable. Pour rembourser, le président du club lui demande de travailler pour eux.
Le cercle d'hôte est un harem de beaux gosses qui s'amusent à combler les désirs des jeunes filles en fleur, en jouant chacun un personnage : l'intello sec et distant, le grand frère taciturne, le petit frère adorable, le couple de jumeaux incestueux et le prince charmant par excellent. Le dit prince charmant, président du club, est d'une superficialité et d'une naïveté tel qu'il ne s'est pas rendu compte qu'Haruhi était une fille. Mais qu'à cela ne tienne, elle plaît aux clientes, elle va donc trouver sa place dans ce club étrange.
Chaque cliché est tiré à son extrême et avec un beau cynisme, surtout du côté des jumeaux Hikaru et Kaoru et du trésorier Kyoya, ce dernier veillant à ce que les idées délurées du « président » dont tout le monde se moque, Tamaki, ne coûtent pas trop cher ou mieux, manipule les situations de façon à se faire plus d'argent. Les pigeonnes bien volontaires sont des jeunes filles de bonnes familles à la bourse bien pleine qui se pâment quand le « petit frère » Hani réclame des friandises ou tombent carrément dans les pommes quand Tamaki leur sort le grand jeu du séducteur. Mais au fond, tous sont des gentlemen plus ou moins forcés par Tamaki à jouer les justiciers dans des situations qu'il trouve injuste.
Et au milieu de tous ces grands sentiments, on a la stoïque Haruhi, à un milliard d'année-lumière de toute idée ou compréhension du romantisme. Ca glisse sur elle comme de l'eau, elle n'est pas cynique, elle a juste l'esprit beaucoup trop pratique. Elle s'habille en homme parce que c'est pratique, elle a coupé ses cheveux courts parce qu'ils étaient abimés et comme c'est pratique, elle les laisse ainsi (d'où le quiproquo sur son identité bien qu'on sente, au fil des tomes, que même les clientes ne sont pas dupes). Elle n'a pas de filtre non plus, elle dit directement ce qu'elle pense, quitte à être cassante sans le vouloir. Elle ne fait pas semblant. Bref, elle n'a rien d'une adolescente lectrice de shôjo. Toute situation qui ferait battre le cœur d'une demoiselle, tel que « oups, le beau gosse est « tombé » sur moi », un classique du shôjo, ne fait absolument pas battre son cœur ou monter le rouge aux joues, elle attend tranquillement que la personne s'en aille.
Il y a un peu plus de sentiments dans les derniers tomes, mais on ne tombe jamais dans du mielleux, Host Club est donc un petit ovni et un bijou dans la montagne de shôjos au romantisme parfois écoeurant tellement ça dégouline. De quoi prendre du recul sur le genre.
Mimic Royal Princess
Sous ce nom étrange (vive les titres internationaux...) se trouve un shôjo parfait, c'est à dire avec de beaux graphismes, de bons personnages, de l'action, de l'aventure, complots, trahison et surtout, surtout : du travestissement !!!! … … Oui, bon, c'est mon point faible et ça biaise mon regard sur le titre mais je suis sûre que même sans cet aspect, c'est un super titre.
Donc de quoi il en retourne ? D'un royaume matriarcale (girl power!) à l'excès (oups), où non seulement les femmes dirigent, mais les hommes sont traités comme des moins que rien... en gros comme si on inversait les rôles entre hommes et femmes au Moyen-Age. Du coup, ma sympathie envers les femmes de ce royaume s'en trouve assez diminuée, n'ayant pas été capables de faire mieux que les hommes dans leur position.
Cette petite digression féministe mise de côté, ce royaume est donc dirigé par la reine Lumière et a pour princesse la jeune Alexia, neuf ans et déjà un caractère bien trempé. Un jour elle croise le chemin d'Albert, un orphelin des bas quartiers qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau... mais en homme. Elle décide qu'il prendra sa place, pour jouir un peu de liberté avant la cérémonie d'entrée à l'âge adulte qui fera d'elle officiellement l'héritière du trône. Albert se trouve forcer d'obéir et entre les mains de Guy, un serviteur entièrement dévoué à Alexia, il devient une parfaite copie de la princesse.
Mais la cour est un nid de serpents et le chemin d'Alexia n'est pas des plus aisées. Et le drame survient quand elle est assassinée en pleine cérémonie. Albert, qui à ses côtés a lui aussi développé un dévouement absolu envers son peuple, décide d'assumer le destin de cette fille extraordinaire, devient Alexia, prétendant avoir survécu à l'attentat, enterrant à jamais sa condition d'homme... ou jusqu'au jour où quelqu'un le démasquera ou bien où il ne sera plus possible de le cacher.
Mimic Royal Princess oscille entre la comédie et le drame, on rigole à la relation Guy-Albert, ce dernier s'avérant être un professeur très sévère et pourtant une sorte d'otaku des petites filles (mais non, il n'est pas pervers), on est ému par le dévouement de la famille Lumière pour son pays, au prix d'une relation mère-fille des plus rigides, d'une éducation très strict d'Alexia, et si mal payée en retour par la Cour.
On découvre aux cours des trois tomes sortis pour le moment un très bon adversaire, manipulateur à souhait mais manipulé lui-même et franchement amoché à l'intérieur, une bande de joyeux pirates (ce ne serait pas une grande épopée sans des pirates voyons) pas pour autant naïfs ou altruistes, des femmes bien coupables et des hommes bien revanchards, et l'on suit un enfant, parti de rien, qui veut aller contre le destin et sauver un royaume, qui va grandir et prendre conscience de son avenir.
Franchement que du bon, une perle parmi l'avalanche de sorties shôjos amourettes lycéennes, même s'il n'en n'est qu'à ses débuts (trois tomes sortis), Mimic Royal Princess a tout ce qu'il faut pour être un grand shôjo... et puis du travestissement quoi ! Le plaisir des quiproquos, l'extase du moment où tout le monde découvre la vérité, l'ambiguïté des sentiments des personnages, ah, le bonheur du travestissement, cela faisait si longtemps... … … hum.... bref, à lire absolument !
DN Angel
Dans la série des titres inachevés (quoi qu'on a plus de chance d'en voir la fin que celle de X de CLAMP), je vous présente le mignonnet DNAngel. Cela dit, tout comme X, il a une adaptation animée avec une fin à lui, si les œuvres inachevées vous rebutent.
DNAngel était, à l'époque où il est sorti, un must du « kawaï » pour ses graphismes. Tous les personnages ou presque ont des proportions mignonnes (grosses têtes sur petits corps) et s'ils ne l'ont pas pour avoir un côté classe (comme Dark), ils ont toujours une forme SD pour les scènes comiques. On a aussi l'adorable animal de compagnie, With, parfaite mascotte du titre. Mais ne vous y trompez pas, sous ses apparences ultra-mignonnes, DNAngel cache un vrai scénario et les personnages ont tous un côté sombre, sérieux, déterminé voir dramatique.
Je vous parle de la forme et j'aborde le fond sans même vous avoir dit de quoi il s'agissait : c'est l'histoire de Daisuke Niwa, fils d'une longue lignée de voleurs, qui apprend que le jour de ses 14 ans et jusqu'à ce qu'il trouve le véritable amour réciproque, il devra partager son corps avec un de ses ancêtres, Dark. La bonne nouvelle c'est que Dark a des super pouvoirs bien pratiques pour réussir des vols de plus en plus ardus, à cause de la police un peu, à cause de Satoshi Hiwatari beaucoup, et à cause des œuvres d'art elles-mêmes parfois. La mauvaise nouvelle c'est qu'il ne se transforme pas toujours à volonté, la présence de l'élue de son cœur peut déclencher des transformations intempestives. Et manque de bol pour Daisuke, s'il est tombé amoureux de Risa, Dark lui a craqué pour Riku, sa sœur jumelle. Et Risa est amoureuse de Dark, alors que Riku en pince pour Daisuke. Bref, son adolescence ne va pas être des plus aisées.
Je l'ai évoqué rapidement mais ce qui donne son sel à cette histoire, son côté sombre et émouvant, ce sont la relation entre la famille de Daisuke (et Dark) et la (vraie) famille de Satoshi (les Hikari), un camarade de classe de Daisuke et génie qui aide la police à tenter d'arrêter le célèbre voleur. Les Niwa ne volent que des œuvres d'art fabriquée par les Hikari, œuvres mystérieuses pouvant influencer sur leur environnement, allant jusqu'à développer une personnalité propre. La relation Daisuke-Satoshi oscille entre affrontement et amitié, tous deux subissant leur héritage. De même Dark est un personnage à part entière, avec ses propres sentiments mais obligé de s'effacer devant le propriétaire du corps qu'il emprunte, incapable donc de créer des liens en dehors de la famille Niwa. Sous ses dehors frimeurs, il s'avère on ne peut plus sérieux et mélancolique.
Bref, cette série a tout pour faire un super shôjo, tout.... sauf une fin. Mais ne désespérons pas, il sort encore un tome tous les 3 ans, peut-être qu'on en verra peut-être la fin avant que je devienne vieille et sénile et que j'en oublie le scénario.
Mikado Boy
Autant vous le dire tout de suite : je ne suis pas sûre que je parlerai de ce titre si on n'était pas en pénurie de shôjos autrements. Ou disons qu'il vaut mieux le réserver à une tranche plus jeune, moins exigeante au niveau scénario (bien qu'il y ait des morts et des sous-entendus de relations homosexuels donc ne le refilez quand même pas à votre petite sœur de 6 ans). Sur cette note un peu pessimiste, laissez-moi vous présenter ce titre.
La trame de Mikado Boy se déroule dans le Japon un peu avant la deuxième guerre mondiale. Ce dernier accuse à l'époque un retard de développement économique, social et militaire assez important, à la veille du grand affrontement. Ce qui rend les services secrets japonais très suspicieux. Mais pas forcément très efficaces. Heureusement, il existe plus secret que les services secret, les Mikado Boys. N'y sont recrutés que des individus exceptionnels, ce qui va être le cas de notre héros, Hideto, petit génie de douze ans. Oui, oui, douze ans, tout comme son collègue Gin, qui s'amuse à se déguiser en jeune demoiselle effrontée. Bon, il faut reconnaître qu'ils font preuve d'une sacrée maturité et clairvoyance pour leur âge. Et je vous rassure, le génie à la tête de cette branche non officielle de l'espionnage japonais a la majorité.
Bref, après un recrutement involontaire et très étrange, Hideto se retrouve charger de régler différentes affaires (deux en deux tomes pour le moment) qui prennent racine dans son entourage (camarades de classe, professeur). Gin est là pour compenser la naïveté instinctive du héros et les deux Mikado Boys ne sont jamais en roue libre, quoi qu'on leur en donne l'impression, les autorités arrivent toujours au bon moment.
Honnêtement, les dites énigmes ne sont pas bien compliquées, mais les trahisons démasquées ont quand même une certaine profondeur, on se demande parfois si « traître » était le bon terme, l'armée étant d'une blancheur toute relative (je sais que ce ne sont en général pas des enfants de cœur mais l'armée du Japon à l'époque avait des positions moralement difficile à accepter). Et la mangaka réussit à nous pondre un bon gros psychopathe dans le tome 2.
En gros, le titre n'est pas totalement à rejeter, c'est du « peut mieux faire ». Il reste deux tomes pour conclure l'histoire, je doute qu'on finisse par découvrir que c'est un chef d'oeuvre mais ça reste une lecture assez plaisante (plus le tome 2 que le 1).
Yona princesse de l'aube
Ce titre est d'un genre qui se fait de plus en plus rare, la fantasy. Il passe par toutes les étapes du genre: un héros malgré lui, orphelin, part à la recherche des 4 éléments (eau, feu, terre, air) pour accomplir une très ancienne prophétie et sauver son pays. Sauf qu'ici, le héros est une héroïne.
Yona est une princesse choyée qui voit du jour au lendemain son univers brillant tourner au cauchemar : son père, le roi, est assassiné, par l'homme qu'elle rêvait d'épouser, son cousin Soo-Won . Elle est obligée de fuir le palais pour sauver sa vie et finit par découvrir une ancienne prophétie la concernant, lui intimant de retrouver les 4 dragons mythiques qui l'aideront à récupérer son trône.
Yona peut, au début, être assez irritante, trop dépendante, dans son nuage, capricieuse, puis s'appuyant trop sur son garde du corps, Hak . Mais c'est au contraire un point fort de ce shôjo que l'on trouve rarement dans les titres de fantasy : la dépression suite à l'enchaînement d'événements tragiques. On nous montre souvent l'adolescent/héros prendre immédiatement l'épée et se lancer à corps perdus dans sa vengeance, sans quasiment aucune larme ou réflexion. Or Yona pleure réellement la mort de son père, prend de plein fouet la trahison de l'homme qu'elle aimait, devient apathique, suicidaire, et ne remonte que parce qu'elle cache, au fond d'elle, une véritable détermination.
Après, on reprend les étapes classiques de ce genre de récit, on trouve les dragons, les un après les autres, mais il restera toujours un côté sombre à Yona, une pensée pour ce père, pour sa vie précédente, même si elle devient chaque jour un peu plus déterminé. On voit aussi que le règne de l'ancien roi n'était pas si rose que ça, que la rébellion qui l'a chassé du palais paraît même comme un espoir de changement pour une partie du peuple fatigué, usé. Et il reste encore pas mal de mystères qui donneront peut-être son originalité au titre par rapport au genre : les vrais motivations de Soo-Won, la mère de Yona, le sage Ik Soo...
Cette présentation a été faite après la lecture des 5 premiers tomes, or la série est toujours en cours au Japon, mon avis pourrait évoluer. Mais quoi qu'il en soit, et même s'il reste plutôt classique dans sa trame, ce titre est sympathique et c'est un shôjo autrement, à lire donc.
Devil's Lost Soul
La nouvelle série démoniaque de Kaori Yuki est en cours chez Pika, avec le même mélange de fantastique, sombre, légèreté et complexité des personnages que dans Angel Sanctuary, mais avec beaucoup moins de tomes. En bien ou en mal, je ne pourrai vous le dire qu'en en lisant le dernier (je me base sur les 4 premiers tomes).
Pour le moment donc, on suit Sorath, un héro masculin (comme c'est souvent le cas chez cette mangaka), qui est mort et revenu à la vie, orphelin et au vu de la marque dans la paume de sa main, maudit. Il sert Garan, le fils d'un baron nouveau riche aux ambitions démesurées. Ce dernier rêve de la vie éternelle, rien que ça, et décide de déclencher la nuit de Walpurgis, une porte ouverte du monde démoniaque sur le notre, peu importe les pertes. Elles seront lourdes et Sorath sera obligé de voyager dans le temps jusqu'à notre époque pour échapper aux démons. Mais le pire des démons est en permanence à ses côtés: une épée à double tranchant, Mephistophélès, contraint par la magie d'obéir à Sorath mais qui guette le moindre faux pas de sa part pour le tuer et retrouver sa liberté.
L'histoire est complexe et tout s'enchaîne très vite, aussi une relecture est recommandée pour bien tout comprendre. On a de doux sentiments, amour, amitié, famille, mais aussi trahison, haine, dédain, obsession, sacrifices humains et comme présenté plus haut, la relation très tendue entre Mephistophélès et Sorath fait qu'on est souvent sur les nerfs à se demander quand le démon passera à l'acte. L'amitié malmenée avec Garan aura aussi ses conséquences. Il y a tout de même un peu de lumière dans ces malheurs, avec le personnage de Nononah (une mignonne petite fille... pas tout à fait normale), mais on sent que là aussi, ça pourrait mal tourner.
En résumé, c'est du bon Kaori Yuki, un peu moins bordélique que certains de ces manga précédents, où à aller trop vite, on ne comprend plus rien à l'histoire. C'est sa patte, gothique-sombre-démoniaque sans aucun personnage cul cul la praline, ou s'il y en a, vous pouvez être sûr qu'elle ne survivra pas deux chapitres. Si vous cherchez de l'action ésotérique, c'est pour vous, si vous voulez de la romance, passez votre chemin.
(A noter : on a le droit à de sublimes illustrations couleurs au début de chaque tome, si vous aimez le style de Kaori Yuki, vous allez vous régaler)
Rure
Ce titre est pour les amateurs de voyage dimensionnel, de magie et de travestissement. Un équilibre en action, humour et quête intérieure. Avec là encore, une héroïne forte (et oui, y'a pas que des chouineuses dans le shôjo), et son pendant sombre en la personne de sa demi-soeur.
Pour commencer, c'est en fait un sungung (shôjo coréen) donc l'histoire débute en Corée.
Haru et Miru sont deux demi-soeurs issus d'une vieille famille au système matriarcale et aux coutumes ancestrales. Haru est une jeune fille forte et volontaire, à qui tout sourit, héritière du clan. Miru est sombre, née hors mariage, considérée comme une honte et portant malheur par les habitants de l'île. Alors que Miru tente de se suicider en sautant d'une falaise, Haru et elle atterrissent dans un monde désertique, peuplé de monstres. Un monde à l'agonie, où l'eau est véritablement de l'or bleu, où les royautés se déchirent par des complots et où Haru et Miru ont toutes deux une destinée à accomplir, en suivant des chemins séparés.
Classiquement mais efficacement, Haru va croiser toute une ribambelle de personnages, ami ou ennemi mais jamais noir ou blanc, en général bien développés, donc intéressants, la magie n'étant qu'en toile de fond, comme une sorte de mythe ancien qu'il faut réactiver. Et Haru est balotée à droite, à gauche, aux gré des quêtes ou événements imprévus qui lui tombent dessus, sa motivation personnelle étant de retrouver sa sœur et de la convaincre de retourner vivre avec elle dans leur monde. Ce qui est un peu plus original, mais complique la narration, c'est qu'on n'abandonne pas un personnage secondaire une fois qu'Haru le perd de vue, on suit son propre chemin qui finit par recroiser celui de l'héroïne. Tout un monde, toute une histoire se met donc en place, dont on aperçoit progressivement les racines à travers ces différents bouts d'histoire, on sent que la mangaka a bien travaillé son univers.
C'est donc un bon « livre de fantasy » qui nous est proposé.
Les mauvais points maintenant ? Le graphisme peut-être, pas très joli mais largement suffisant pour soutenir l'histoire, cependant certains personnages se ressemblent pas mal, il faut suivre qui est qui. Et le vrai mauvais point : c'est un titre inachevé. Je dirai même, un titre maudit. Les 5 premiers tomes sont parus chez Saphira, qui a coulé. Alors qu'on pensait s'arrêter là, Samji a repris l'oeuvre et sorti 5 nouveaux tomes.... puis a, à son tour, fermé. Et depuis, nul n'a repris le titre parce que, décidément, les mangas coréens n'ont pas la côte en France.
Avoir tant de potentiel et le voir s'arrêter en plein vol ainsi, ça fait gâchis. Peut-être qu'on peut en trouver la suite sur le net...